- Les astronomes amateurs peuvent jouer un rôle clé dans la surveillance de l’astéroïde YR4, qui pourrait menacer la Terre en 2032.
- Franck Marchis et son équipe lancent un projet innovant pour utiliser des télescopes amateurs afin de déterminer l’orbite de l’astéroïde.
- Des observations cruciales sont attendues en 2028, mais dès février 2024, des tentatives d’observation sont prévues.
Les amateurs pourraient aider la recherche sur l’astéroïde qui nous menace
Le ciel est devenu le théâtre d’une mobilisation inédite depuis le signalement de l’astéroïde YR4, détecté pour la première fois en décembre dernier. Ce petit corps céleste, d’un diamètre estimé entre 40 et 100 mètres, pourrait entrer en collision avec notre planète le 22 décembre 2032. Bien que la probabilité d’impact soit actuellement évaluée à 1,2 % par l’Agence spatiale européenne (ESA), cela ne freine pas les efforts des scientifiques qui redoublent d’activité pour affiner la trajectoire de YR4. La communauté scientifique internationale, regroupée sous des organisations telles que le Réseau international d’alerte aux astéroïdes (IAWN) et divers services d’agences spatiales, s’engage dans une course contre la montre pour évaluer les risques de collision.
Cependant, un nouvel acteur entre en scène : les astronomes amateurs. Cette initiative, portée par Franck Marchis, astronome et planétologue à l’Institut Seti en Californie, ouvre des perspectives fascinantes. L’idée est de capitaliser sur le pouvoir collectif d’un réseau mondial de télescopes pour observer YR4 et récolter des données précieuses.
Une collaboration inédite
Le projet de Marchis, cofondateur de Skymapper et des télescopes connectés Unistellar, repose sur le principe que chacun peut contribuer à une campagne scientifique. La mission, qui pourrait sembler complexe, est en réalité assez simple dans son concept. Les astronomes amateurs doivent surveiller une occultation d’étoile, un phénomène qui se produira lorsque YR4 passera devant une étoile connue. Grâce à un catalogue comme Gaia, établi par l’ESA, il est possible de connaître la position exacte des étoiles. Quand YR4 obscurcit une étoile, les observations permettront de déterminer avec précision sa position et d’affiner son orbite.
La mécanique derrière l’observation
La mise en œuvre de ce projet n’est pas sans défis. La taille de l’astéroïde et l’incertitude de son orbite compliquent les choses. L’occultation d’une étoile n’est visible que si l’observateur est placé exactement dans l’ombre de l’astéroïde. Pour réussir, il est nécessaire d’avoir une centaine de télescopes dispersés le long de la zone d’incertitude de l’orbite de YR4. En effet, seuls quelques télescopes réussiront à capter l’événement, ce qui permettra de localiser précisément l’astéroïde.
Les astronomes amateurs devront se déplacer pour installer leurs télescopes dans des zones stratégiques. Après avoir reçu des instructions claires, ils seront en mesure de réaliser les observations eux-mêmes. De plus, le projet Skymapper envisage de relier tous les télescopes via un système centralisé, permettant ainsi une coordination efficace des observations.
Un horizon d’observation en 2028
Bien que certaines occultations soient prévues pour février 2024, Marchis et son équipe se concentrent sur 2028 pour mettre en œuvre pleinement leur projet. À cette époque, YR4 redeviendra visible depuis la Terre, augmentant les chances d’observation. Cependant, des questions logistiques demeurent. La diffraction de la lumière, causée par la petite taille de l’astéroïde, ainsi que sa composition, sont des éléments à prendre en compte. L’objectif est d’obtenir une orbite plus précise d’ici 2028, afin de pouvoir écarter définitivement l’hypothèse d’un impact.
Premières tentatives d’observation
Dès le 6 février, des astronomes amateurs se sont mobilisés pour essayer de capturer l’occultation de l’étoile TYC 0788-0020-1. Des observateurs de l’Est du Canada et des États-Unis se préparent à cette observation rare. Bien que la probabilité de succès soit faible, la communauté des occultations s’active. Les astronomes amateurs se déplacent pour se positionner le long de la bande de centralité, surveillant la météo et planifiant leurs emplacements. L’enthousiasme est palpable, même si la fenêtre d’observation ne durera que quelques minutes.
Une méthode innovante
Cette approche, bien que complexe, représente une façon imaginative de réduire le risque de collision. L’ESA souligne que la probabilité d’impact peut souvent varier, augmentant puis chutant rapidement après de nouvelles observations. Pour Marchis, YR4 représente surtout un exercice préparatoire. C’est une occasion pour la communauté scientifique de se préparer à la détection d’astéroïdes plus grands et potentiellement plus menaçants dans le futur.
En conclusion
La mobilisation des astronomes amateurs pour observer YR4 marque une étape significative dans la recherche sur les astéroïdes. Ce projet, qui combine passion et science, démontre que chacun peut contribuer à la protection de notre planète. La détermination et l’engagement de cette communauté, couplés aux avancées technologiques, offrent des perspectives prometteuses pour l’avenir de la défense planétaire.
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